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Édition avec dossier de Jean Goldzink n° 1290 / 2,80 €
I. P O U R Q U O I É T U D I E R CANDIDE AU LYCÉE ?
UN TEXTE FONDATEUR
Candide fait depuis longtemps partie des œuvres du siècle des Lumières étudiées dans les classes de lycée, et à juste titre. Mais qui aurait imaginé – Voltaire en premier lieu – que, de toute l’œuvre du philosophe, ce conte resterait à la postérité comme son texte le plus lu chaque année par des milliers d’élèves ? Les lecteurs du XIXe siècle avaient une fréquentation bien plus assidue des textes historiques et philosophiques, ainsi que du théâtre et de la poésie de Voltaire, souvent jugés classicisants et impraticables aujourd’hui. Candide est à présent devenu une porte d’entrée irremplaçable au siècle des Lumières et à l’œuvre de son plus éminent ironiste. Cela non sans douleur ? Jean Goldzink avoue, dans la belle présentation qu’il donne à cette œuvre, « l’embarras » qui saisit à la vue d’un tel engouement scolaire l’amoureux du texte : « Plutôt tenter de regarder le chef-d’œuvre comme on ferait d’un être longuement aimé, qu’on voudrait revoir comme au premier matin, bien que sachant impossible la chose » (p. 8). Et c’est pourtant exactement cela qu’il faut à Candide, et ce que propose le préfacier : une lecture qui rafraîchit et éclaire le texte, qui suggère pistes, qui offre documents et réflexions supplémentaires. On aime certes à lire dans Candide l’écho des combats de Voltaire. On y détecte une leçon de tolérance
É la satire, et chef-d’œuvre de fantaisie et d’imagination :
blouissant d’esprit, étincelant de malice, jubilatoire dans
Candide
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contre les fanatismes, une leçon de paix contre la « boucherie héroïque » (p. 43) des guerres, une leçon de justice et d’humanité contre toutes les inégalités, mais toutes ces leçons aboutissent finalement en leçon de doute, de relativisme, et de désillusion. Allemagne, Hollande, Portugal, Espagne, Argentine, Paraguay, Pérou, Surinam, France,