Gestion des conflits, non-violence et guerre juste
1. La non-violence est un nouveau paradigme de pensée
Depuis des siècles, la morale traditionnelle répète que l’usage d’une certaine violence est nécessaire pour empêcher la violence de l’emporter : c’est l’image du chirurgien qui soigne en amputant ou des pompiers qui recourent à un contre-feu. Au XXe siècle, est né un nouveau paradigme autour du concept de « non-violence » : rompre avec la contradiction du médecin qui prétend soigner une infection avec des outils eux-mêmes infectés et se donner les moyens de répondre à la violence par autre chose que de la violence.
Dans l’ancien paradigme, la communauté humaine s’accorde globalement sur le refus éthique de la violence mais aussi sur le bon sens d’accepter un certain nombre d’exceptions. Ainsi, la violence se justifie en cas de légitime défense, ainsi que dans des interventions militaires offensives que les responsables politiques présentent comme « nécessaires », « légitimes » et « courageuses ». Le schéma traditionnel est : « Non à la violence, sauf exceptions. Oui à la non-violence mais dans certains limites… ». Dans le nouveau paradigme, quelle que soit la justesse et la justice de la cause, si tel moyen est reconnu « violent », il y a lieu de lui retirer toute forme d’honneur, de légitimation et de nécessité, en se battant sur les plans culturel pour changer les mentalités, politique pour obtenir une législation mettant hors-la-loi l’acte « violent », et juridique pour que l’application des lois assorties de sanctions entraîne effectivement un recul de la pratique qualifiée de « violente ».
Le processus se comprend aisément à un niveau social restreint : un éducateur frappant un enfant, aussi juste soit l’intention et la cause poursuivie, est aujourd’hui désapprouvé et sanctionné. En fait, son coup est l’expression d’une tragique impuissance : s’il est suffisamment formé à la gestion des conflits,