Harmonie du soir Charles Baudelaire
«Harmonie du soir» est un pantoum, c’est à dire un poème dans lequel le second et le quatrième vers de chaque strophe reviennent comme premier et troisième vers de la strophe suivante. L’intention du poète est de donner l’idée d’un mouvement progressif, mais aussi de donner l’idée du rythme, donc de mettre tout en harmonie et en musique. On observe qu’il n’y a que deux rimes dans ce pantoum : «ige» et «oir». La répétition de ces seules rimes tout au long de la poésie crée un rythme continu, même agaçant, en soulignant de façon presque obsessionnelle les deux motifs principaux du poème: le soir et l’amour. Le champ lexical du religieux est omniprésent dans ce texte. On note ainsi la présence du verbe «évapore» qui suggère qu’après la mort, l’esprit qui s’envole en ne laissant aucun souvenir. On trouve plusieurs figures de style comme des personnifications: «sons et parfums tournent», «cœur afflige», «ciel triste et beau», «le soleil s’est noyé», «cœur qui hait», des métaphores: «le soleil s’est noyé dans le sang qui se fige», «du passé lumineux recueille tout vestige» ou des antithèses : «triste et beau», «tendre hait», «néant vaste». L’évocation des fleurs épanouies et vibrantes, qui exhalent les plus riches parfums, suggère le mois de juin ou même de juillet, alors que les premiers mots semblent plutôt signifier que le poète écrivit ces vers avant la plénitude de l’éclosion printanière. Avec «vibrant» apparaît une première et discrète notation de mouvement. Ce vers est marqué par une allitération en «v» qui suggère une ferveur; par l’alternance de sons aigus et de sons graves, les premiers enserrant les seconds. La vibration de la fleur entraîne la diffusion de son parfum, l’exhalaison de ses effluves, et en même temps comme son épuisement, sa destruction. Cette évaporation est comparée à ce qui se passe dans le mouvement de balancement imprimé à l’«encensoir». aux «parfums» libérés par la