Hegel: l'etat et la religion
Le texte que nous allons commenter se situe à un moment décisif et souvent mal compris de la pensée de Hegel, puisqu’il s’agit du problème de l’État et plus spécifiquement des rapports entre l’État et la religion.
La philosophie de l’esprit se décompose en esprit subjectif, esprit objectif et esprit absolu. C’est au moment de l’esprit objectif qu’appartient la détermination de l’État. Il faut noter que l’État n’apparaît dans l’Encyclopédie des Sciences philosophiques que dans la section consacrée à l’éthique (Sittlichkeit) que Hegel oppose à la moralité (Moralität). Bien que Hegel soit souvent présenté comme le philosophe de l’État, comme celui qui fait de l’État un absolu, on voit immédiatement que dans son système, tel qu’il est exposé dans l’Encyclopédie des Sciences philosophiques, l’État n’occupe qu’une position subordonnée.
L’éthique est pour Hegel « la vérité de l’esprit subjectif et celle de l’esprit objectif lui-même »1.
A l’intérieur de ce moment de l’éthique, « L’État est, consciente d’elle-même, la substance des bonnes moeurs »2. Il ne s’agit donc pas chez Hegel simplement d’une « philosophie politique » - comparable à celle des autres maîtres de la philosophie politique (Machiavel, Hobbes, Montesquieu, etc.) mais d’une théorie de l’État qui doit être compris comme un moment du mouvement à travers lequel « l’esprit pensant de l’histoire du monde, en dépouillant ces limitations des esprits-des-peuples particuliers et sa propre mondanité, saisit son universalité concrète et s’élève jusqu’au savoir de l’esprit absolu »3. Et c’est bien parce que « la nécessité, la nature et l’histoire ne sont qu’au service de la révélation de cet esprit »4 que se trouve posée la question des rapports entre l’État et la religion, à laquelle le §552 va donner une réponse.
Le texte que nous commentons et qui constitue de fait la