Hegel
décrit, en termes de « mauvais infini » (schlecht Unendliche)2, l’impasse que représente la volonté immodérée et démesurée de vivre exclusivement pour soi, le désir insatiable de possession, l’« appétit d’être de la conscience
2 « La particularité pour soi est ce qui est excessif (Ausscweifende) et sans mesure (Masslose) ; les manifestations de cet excès sont elles-mêmes démesurées. Par la représentation et par la réflexion, l’homme élargit le cercle de ses désirs - qui ne forment pas un cercle clos, c'est le cas pour les instincts des animaux- et les conduit au mauvais infini. » (Hegel 1821, §185, add.)
Le philosophe est tout à fait conscient des contradictions intenables des sociétés modernes de marché concurrentiel et libre dont la richesse infinie s’accompagne nécessairement, irrémédiablement, d’un extrême appauvrissement et dénuement d’une partie de la population sous les espèces de « populace » (Pöbel)3. Une certaine intervention des pouvoirs publics lui semble absolument indispensable pour atténuer, dans la mesure du possible, le coût humain du fonctionnement du système capitaliste :
« Dans ce système [System des Bedürfnisses], ce qui gouverne apparaît donc comme le tout a-conscient (bewusstlose), aveugle, des besoins et des espèces
(Arten) de leurs satisfactions. Mais ce destin a-conscient, aveugle, l’universel (das
Allgemeine) doit s’en rendre maître et pouvoir devenir un gouvernement
(Regierung) »
Conformément au principe fondamental de la dialectique, -« le Vrai est le Tout » (das Wahre ist das
Ganze) (Hegel 1807, p.24, trad., p.18) -, un élément négatif ne l’est seulement que du point