Histoire de l'architecture dans la culture du projet
(AM™)1 et de ses avatars contemporains.
L’AM™ se signale, entre autres, par une volonté de rupture avec l’histoire de l’architecture. À minima, il se délie de son passé immédiat, l’éclectisme architectural du XIXème siècle. De façon plus radicale, certains tenants de l’AM™ veulent « du passé, faire table rase ». Le spectre de la
« table rase » a hanté la pratique architecturale, de 1910 à 1960.
Mais l’AM™ est, dès ses origines, rattrapé par l’histoire, de plusieurs façons :
• Pour se dégager de la période précédente, l’AM™ utilise certaines méthodes de la période précédente, et en particulier, la référence à de « bons exemples » antérieurs.
Simplement, ce ne sont pas les mêmes « bons exemples », ou ce n’est pas le même regard sur les « bons exemples ». Adolph Loos préfère les maisons paysannes du XIXème siècle, plutôt que ses palais. Le Corbusier admire les « châssis » romains, quand d’autres, avant lui, ne voyaient que leurs « carrosseries »2.
• Pour valider son existence et asseoir son hégémonie sur le siècle, l’AM™ se trouve des ancêtres respectables, il s’invente une généalogie comme un patricien romain prétend descendre d’Enée. En 1933, Emil Kaufmann écrit « De Ledoux à Le Corbusier », il y traite des « origine et développement de l'architecture autonome » en partant de trois architectes de la fin du XVIIIème siècle : Ledoux, Boullée et Lequeu. En 1960, Leonardo
Benevolo écrit une « Histoire de l’architecture moderne », considérée comme la fille légitime de la révolution industrielle. En 1968, Nikolaus Pevsner écrit « Les sources de l'architecture moderne et du design », qui annexe l’Art & Craft anglo-saxon, l’expressionisme allemand, le modernisme catalan, l’art nouveau belge et français. Il faut lire ces ouvrages avec intérêt, sans perdre de vue