Histoire des système internationaux
Consciente de sa dépendance énergétique à l’égard de l’étranger et de la vulnérabilité de ses routes commerciales, la République populaire de Chine a, par la voix de son président Hu Jintao, initié un vaste programme destiné à répondre à ces contraintes. Cette ambition suscite de nombreux débats depuis le discours de ce dernier en date du 29 novembre 2003, résumé dans l’expression désormais célèbre de « dilemme de Malacca » dont les contours restent assez ambigus 2. Ces discussions et en particulier les aspects maritimes internationaux de ce projet sont perçus avec une certaine suspicion aux États-Unis où elles offrent des arguments de poids aux partisans de la « menace chinoise », ceux justement qui parlent ici de « collier de perles » 3, pour actualiser et restructurer leurs argumentaires, s’interrogeant notamment sur l’adéquation de ladite stratégie à la doctrine du « développement pacifique » (peaceful development), inaugurée au milieu des années 1990 pendant l’ère du précédent président, Jiang Zemin 4. La réalité semble plus complexe, dans la mesure où la diffusion de cette expression – la stratégie dite « du collier de perles » –, puis sa reconnaissance médiatique 5, alimentent une perception réciproque et biaisée de la menace qui provoque, par effets de miroir, des réactions aux conséquences non négligeables qui la confortent. Aussi, afin d’identifier les enjeux réels que cette expression recouvre, il convient d’en examiner les origines et les contours avant d’étudier la pertinence de sa réalité. la Stratégie Dite Du « collier De perleS » DanS le DiScourS américain Sur la « menace chinoiSe »
L’expression « collier de perles » trouve son origine géopolitique dans le rapport Energy Futures in Asia, un document interne de la société de consultants Booz Allen
1. Enseignant à l’Institut d’Etude des Relations Internationales (ileri), membre du groupe de réflexion Asie 21 (www.asie21. com),