Hume et la question de l'identité personnelle
Hume a écrit le texte de sa propre oraison funèbre.
Or, comment le contempteur du moi peut-il écrire son propre portrait?
Dans ce court discours, Hume n'affirme pas sa personne , son sujet mais expose plutôt la manière dont celui-ci est perçu par autrui. Pour lui cette manière est la seule réalité qui nous est donné à connaître : aucune substance n'est à chercher derrière.
_ Comment n'être que la somme de ses affections et affirmer en même temps un caractère pudique ?
Dans la conclusion du Livre 1 du Traité de la nature humaine Hume se pose la question : -Qui suis-je ? et répond en substance : je ne suis rien, je ne suis qu'un naufragé mais la nature me pousse au divertissement et me permet de me reconquérir par rapport à cette profonde mélancolie de ne me trouver nulle part. ( De fait, Hume aurait vécu une une profonde dépression de 18 à 23 ans.)
Ce n'est donc pas en termes de caractère qu'il faut penser la pudeur de Hume mais plutôt en termes de conquête d'une identité sociale pacifiée. Ainsi on trouve chez lui une déconstruction de la possibilité de la définition d'une identité personnelle.
Or, est-ce une absence de substance ou une impossibilité grammaticale qui fixe ce qui est de l'ordre du mouvant, qui serait à l'origine de cette impossibilité pour nous d'accéder à notre moi ?
Hume pense qu'il n'y a pas de mobilité de l'identité ; celle-ci n'est qu'une pure construction fictive qui ne suppose aucun donné ontologique ni mobile ni immobile.
- Peut-être faut-il donc substituer la question - qui deviens-je à la question - qui suis-je ?
En effet, cette fiction est constituée par une mémoire : je ne suis au fond que ce que les aléas de mon existence m'auront fait. Il ne s'agit en aucun cas chez Hume de se construire une identité personnelle.
-Qu'est-ce qui nous empêche dès lors de dire à la fin de notre vie " je suis tout ce que j'ai été." ou encore " je suis la somme de mes actes." ?
Rien,