Hyperréalité
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Recherche et Applications en Marketing, vol. 20, n° 2/2005
De l’usage des modèles de mesure réflectifs ou formatifs dans les modèles d’équations structurelles
Dominique Crié
Professeur des Universités à l’IAE, Université de Lille 1, Laboratoire EREM/CLAREE UMR CNRS 8020
RÉSUMÉ La véritable explosion de l’utilisation des modèles d’équations structurelles semble toucher bon nombre de domaines dont le marketing. Malheureusement, ce phénomène a bien souvent pour conséquence une mauvaise spécification des modèles, ou une interprétation « peu stricte » des résultats. Cet article s’attache à revisiter la nature formative ou réflective des indicateurs, laquelle a d’énormes conséquences sur l’estimation des paramètres impliqués et plus généralement sur la validité du modèle. Une synthèse des travaux portant sur les conséquences d’une mauvaise spécification et les solutions à apporter est proposée. La conclusion est en forme d’interrogation : les indicateurs formatifs ont-ils leur place au sein des modèles d’équations structurelles ? Mots clés : Modèles d’équations structurelles, modèles de mesure, indicateurs formatifs, indicateurs réflectifs.
À l’occasion du centenaire de l’article séminal de Spearman – General intelligence, objectively determined and measured –, on peut affirmer que l’une des grandes révolutions dans la théorie de la mesure a très certainement été constituée par les analyses factorielles qui introduisent implicitement la notion de variable latente (Spearman, 1904). Une seconde révolution (Cliff, 1983 ; Kelloway, 1995) qui lui est directement liée, a peut-être été l’introduction des modèles d’équations structurelles (Jöreskog, 1967, 1970, 1971) dans toutes les disciplines scientifiques,
notamment les Sciences Humaines et Sociales, d’où une augmentation considérable, voire une véritable explosion de leur utilisation au sein des publications et travaux de recherche (e.g. Williams, 1995 ; Steiger, 2001).