Il ne peut y avoir de morale scientifique, mais il ne peut pas non plus y avoir de science immorale
La cohabitation de l’homme en une société opposant intérêt privé et intérêt collectif, et son évolution grâce à son environnement, ont très tôt posé le problème de la moralité du progrès scientifique. Pour bien appréhender cette phrase, une compréhension claire des divers concepts est nécessaire.
Poincaré, dans sa légendaire connaissance des sciences, n’a pas rejeté les aspects moins théoriques de la science. La philosophie de la science l’a toujours intéressé, il a même publié La Science et l'Hypothèse (1903), la Valeur de la science (1905) et Science et Méthode (1908). Cette phrase va poser le problème essentiel des relations entre science et morale.
La science est un ensemble de connaissances vérifiables par l'expérience, l'observation et le calcul. Ces connaissances ne reposent que sur une démarche scientifique rigoureuse, universelle, sans utilisations d'éléments a priori dans l'interprétation des résultats. Les résultats sont donc objectifs, universels, et considéré comme émanations de la réalité.
La morale est plus difficile à définir. Est-elle un ensemble de règles de conduite et de mœurs considérées comme bonnes et devant être appliquées en société ou est-elle toute influence d'ordre mental par laquelle on peut modifier plus ou moins profondément la nature humaine dans le but de la rendre conforme à un idéal déterminé ? De tout point de vue la morale est un concept subjectif, qui dépend entièrement de la personne, de la situation et de l’époque.
Un développement historique permet de mieux comprendre l’ambiguïté d’un jugement particulier sur une science universelle :
La question morale est apparue en même temps que l’homme ; les critères religieux ou les croyances l’ont obscurcie, mais fondamentalement il est de la nature de l’homme de questionner ses actions. La moralité est une façon de réguler les mœurs, en utilisant des