Incipit du roman le proces kafka

2037 mots 9 pages
Le Procès : étude de l’incipit du roman
Lecture analytique des trois premières pages (jusqu'au bas de la page 27 : « …il était encore libre »).
Théâtralité.
« On avait sûrement calomnié Joseph K., car, sans avoir rien fait de mal, il fut arrêté un matin ». Début in medias res. L’arrestation de Joseph K. est signalée dès la première phrase. Aucun préambule, ni descriptif, ni psychologique, ni explicatif. Franz Kafka s’écarte délibérément de la tradition littéraire du roman, telle qu’elle s’est établie au xixe siècle.
= Début anti-naturaliste : l’action précède toute description, toute mise en place d’un décor, d’un milieu.
= Début anti-psychologique : le personnage de K. n’existe que par ses réactions à la situation ; il n’est pas présenté comme un type humain ou psychologique déjà constitué, dont le caractère expliquerait a priori le comportement.
= Début alogique : l’arrestation de Joseph K. est une donnée première, un fait indiscutable mais inexplicable, dégagé de toute causalité, et même de tout rapport avec le passé : elle introduit une rupture radicale dans l’existence de Joseph K., qui dès lors perd tous ses repères. Ainsi, dès la première phrase, le lecteur – comme le héros – entre dans une logique absurde et angoissante.
Ce primat de l’action ("drama" en grec) apparente le récit de Kafka à l’univers théâtral. Cf. aussi : l’unité de lieu (cf. la contiguïté des pièces et l’importance des portes, des entrées et des sorties) ; l’importance des dialogues et des répliques ; l’extraordinaire tension dramatique créée d’emblée : « Ce n’était jamais arrivé », « curiosité inhabituelle1 », « qu’il n’avait encore jamais vu », etc. ; comme dans une scène d’exposition au théâtre, la construction du personnage se fait progressivement, touche après touche, en situation : c’est ainsi qu’on apprend que Joseph K. est célibataire (puisqu’il vit seul dans une pension de famille), qu’il a trente ans, qu’il travaille dans une banque, qu’il a un niveau social et culturel assez

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