Ines de las sierras
L’auteur a imaginé que trois jeunes officiers français se rendent à Barcelone, et, ne trouvant pas à se loger dans une auberge, située sur la route, prirent le parti d’aller passer la nuit au château de Las Sierras, que l’on supposait habité par des esprits. En se dirigeant vers ce vieux manoir abandonné, le guide qui les conduisait leur raconte l’histoire du chef de l’illustre famille de Las Sierras. Ce chef était un bandit vivant de rapines et de toutes sortes de brigandages ; un jour il enleva sa nièce Inès de Las Sierras, et l’épousa. Inès essaya de ramener son époux à la vertu ; mais au premier mot de morale, le brigand lui coupa la parole en lui plongeant un poignard dans le sein. Depuis lord Inès revient chaque nuit au château de Las Sierras. Les officiers trouvent ce conte divertissant ; ils entrent au château, s’installent bravement dans un salon délabré et se mettent à souper. À minuit, un bruit de chaînes se fait entendre ; une femme paraît, vêtue de blanc, pâle, échevelée, mais belle encore ; c’est Inès de Las Sierras ; elle se met à table, soupe avec les officiers, et disparaît. Trois ans plus tard, un des officiers se trouvant au spectacle de Barcelone, reconnaît, au lever du rideau, dans une actrice pâle et vêtue de blanc qui s’avance sur la scène, l’ombre d’Inès de Las Sierras. Il s’informe et apprend que l’actrice sort d’un noble sang espagnol, qu’à seize ans elle fut séduite par un jeune comte sicilien qui l’amena en Espagne, où il l’abandonna. Inès, privée de ressources, se fit comédienne sous le nom de Pédrina ; plus tard, devenue riche, elle retomba entre les mains de son premier amant, qui l’assassina pour lui voler son or et ses diamants. La Pédrina ne mourut pas, mais elle devint folle ; comme elle n’était pas surveillée très-rigoureusement, elle parvint à s’échapper du couvent où elle était enfermée, et vint errer précisément parmi les ruines du château de sa famille où les officiers l’avaient aperçue pour le