Lettre poilu DM francais
Aubérive, samedi 25 septembre 1915,
Ma chère maman, Je t'écris cette lettre pour te dire que je ne reviendrai peut-être pas de la guerre. Ne pleure pas et sois forte.
Comment te décrire la guerre ? Comment te l'expliquer ?
Mon ami est mort. Un jour, alors que nous nous apprêtions à franchir les barbelés pour atteindre l'autre bout de la tranchée, mon ami se prit les vêtements dans les fils barbelés. Je tentais de le dégager, mais un obus le tua. Je reçus des morceaux d'organes partout sur moi. Dans la bouche, j'avais des bouts d'intestins et de cerveaux.
Cela s'était passé tellement vite que je n'avais pas compris ce qui se passait sous mes yeux. Puis je commençais à recracher des particules de son corps.
Il y a quelques jours de cela, nous n'avions aucun combat à mener. Puis une lueur d'espoir me traversa l'esprit. Je vis tous ces combattants revenant des combats gravement blessés qui obtenaient leurs permissions.
Alors hier, mes compagnons et moi nous nous sommes mutilés volontairement pour rentrer chez nous.
Si on s'est fait surprendre en train de nous blesser volontairement la main, mes camarades et moi on se fera exécuter sous l'ordre du sergent pour raison de trahison envers la France.
Quand nous sommes arrivés ici, cette terre était magnifique. Aujourd'hui les rives ressemblent à l'enfer. Cette guerre est si affreuse qu'on en perdrait la tête. Il y a deux jours, un combat violent a éclaté. Nous étions envoyés sur le front sans aucune pitié de la part de nos supérieurs. En sortant des tranchées, nous n'avions même pas le temps de respirer qu'on se faisait déjà tirer dessus par les mitraillettes allemandes comme du gibier. La terre était bouleversée, brûlée, le paysage n'était plus qu'un champ de ruine. Cette guerre nous apparaît à tous comme une boucherie. Cela fut un échec, un désastre.
La mort est omniprésente.
Lorsque j'avance, mes sentiments disparaissent. La peur, l'amour, plus rien n'a de sens.
Voici l'image de