Introduction à l'etude du droit
L’homme a souvent tendance à se croire libre et capable de penser par lui-même naturellement. Kant rappelle dans ce texte qu’il faut d’abord reconnaître son état de tutelle avant de pouvoir s’en affranchir. La liberté n’est pas d’emblée acquise, elle demande un long exercice. Tout comme il faut que l’enfant apprenne à marcher, il faut que l’adulte apprenne à penser librement. Mais cette liberté a des limites. L’ordre social et politique serait menacé si tous les individus se mettaient à dire et à faire ce que bon leur semble. A travers la distinction fondamentale entre l’usage privé et l’usage public de la raison, Kant réserve un espace spécifique où la pensée peut se déployer librement. Cet espace réactive en l’incarnant ici-bas un monde où les idées circulent, s’échangent et sont critiquées, mettant ainsi l’humanité sur la voix assurée du progrès. Il reste cependant à dissiper un paradoxe : comment l’homme peut-il de lui-même apprendre à penser par lui-même ? Ne risque-t-il pas d’y avoir ici un cercle rendant toute libération impossible ?
I. La sortie de la minorité
Selon Kant, la minorité est l’incapacité de se servir de son propre entendement. Pour sortir de cet état de minorité, tout homme doit d’abord comprendre que c’est lui même qui est le responsable de son état, du moins lorsque ce ne sont pas ses capacités intellectuelles qui sont en cause, mais sa paresse ou sa lâcheté. C’est pourquoi la devise des Lumières est d’abord faite pour que chaque homme l’utilise comme un moyen de se donner du courage : « Sapere Aude ! [Ose savoir !] Aie le courage