Invictus
Out of the night that covers me,
Black as the pit from pole to pole,
I thank whatever gods may be
For my unconquerable soul.
In the fell clutch of circumstance
I have not winced nor cried aloud.
Under the bludgeonings of chance
My head is bloody, but unbowed.
Beyond this place of wrath and tears
Looms but the Horror of the shade,
And yet the menace of the years
Finds and shall find me unafraid.
It matters not how strait the gate,
How charged with punishments the scroll,
I am the master of my fate :
I am the captain of my soul.
=== Traduction ===
Dans la nuit qui m'environne,
Dans les ténèbres qui m'enserrent,
Je loue les dieux, qui me donnent une âme
A la fois, noble et fière.
Prisonnier de ma situation
Je ne veux pas me rebeller;
Meurtri par les tribulations,
Je suis debout, bien que blessé.
En ce lieu d'opprobre et de pleurs
Je ne vois qu'horreur et ombres
Les années s'annoncent sombres
Mais je ne connaîtrai pas la peur.
Aussi étroit que soit le chemin,
Bien qu'on m'accuse et qu'on me blâme,
Je suis le maître de mon destin :
Le capitaine de mon âme.
Comme le célèbre poème If de Rudyard Kipling (traduit par André Maurois sous le titre « Tu seras un homme mon fils »), Invictus est souvent cité en exemple pour illustrer le stoïcisme victorien. Caractérisé par le devoir de retenue des émotions («stiff upper lip ») et mis en exergue par le système éducatif des "public school", ce stoïcisme s’est répandu dans les couches élevées de la société britannique et a créé l'image parfois perçue d'un peuple britannique dénué d'émotions2.
Ceci dit, les valeurs du stoïcisme exaltées par le poème (résistance à la douleur, absence de peur de la mort, maîtrise de soi et de ses actes), sont aussi celles de l'Epicurisme. L’éthique de l’épicurisme repose en effet sur 4 règles (le tétrapharmakon) qui sont de ne pas craindre les dieux (puisqu’ils vivent dans un monde qui n’interfère pas avec les hommes), ni