Ionesco
DAEU
COSTANTINI
Définitions :
Au plan de l’étymologie il est intéressant de noter que le mot grec « mythos » signifie : « parole ayant du sens ». On trouve dans cette définition inaugurale la manifestation du « sens », donc d’une forme de vérité au sein même d’un discours qui semble tout entier pris dans la fiction et l’illusion. Ainsi se dessinent les deux acceptions (significations) du mot dans un rapport antithétique (opposé) : d’un côté il y a dans tout mythe une parole vraie qui porte du sens et d’un autre côté il y a de la fiction et du mensonge. On trouve dans la formule de Louis Aragon, le « mentir vrai », une définition idéale de cette ambivalence intrinsèque (qui appartient) au mythe. Le mythe est en quelque sorte un dé-lire qui permet de lire en se détachant d’une lecture de surface. Il s’agit de pouvoir « lire » au sens de « déchiffrer » le monde et les hommes. Il faut se dé-lier d’une lecture première pour arriver à une lecture seconde plus intense et grave. Le mythe est une forme de « sémaphore » au sens étymologique (de « sema », le signe et de « phore », porter en grec). Le mythe porte un sens et permet aux hommes de se retrouver dans un monde bien souvent couvert de hiéroglyphes difficiles à décrypter. Depuis la nuit des temps antiques les mythes nous envoient des signaux, des messages codés qui peuvent nous guider aujourd’hui encore. Tout mythe est pérenne ; son message traverse les temps et les époques.
Le mythe mêle deux forces complémentaires : un récit épique et héroïque et su sacré. En grec, le mythos est une combinaison entre « heros » (héros) et « hieros » (sacré). Cette dimension sacrée relie le mythe au monde invisible du symbolisme.
Derrière des histoires il y a toujours l’Histoire ; derrière le récit fictionnel il y a le récit de la vérité. Le mythe s’offre toujours à l’interprétation et au commentaire. Le mythe est toujours une parole qui en appelle d’autres. Ce sont des mots qui en désignent d’autres.