Jean de la vill de mirmont
Singulier destin, que celui de cet ancien condisciple et ami d'enfance de François Mauriac, qui ne l'oubliera jamais. Né à Bordeaux en 1886 d'une famille protestante de la vieille aristocratie landaise, l'enfant, de constitution délicate, est souvent malade, morose. Un solitaire. Il est de ceux dont on dit qu'ils ne feront pas de vieux os. En ce qui le concerne, aucun doute que la formule ne lui aille comme un gant, sauf que la santé de l'intéressé n'entrera guère dans les raisons que la Providence se donnera pour lui procurer un air de vérité. On l'a même cru, à un moment, près de perdre la vue. Un comble. Rien ne semble en effet retenir l'intérêt du petit Jean de La Ville de Mirmont comme la contemplation du ciel de Gironde, rarement occupé de nuages, à travers les vitres de sa classe. C'est d'ailleurs en ce lieu, propice, pour certains, au désespoir, qu'il tentera de se suicider en buvant de l'encre. Mais il n'en mourra pas, il est trop tôt, pas plus qu'il ne deviendra aveugle. Ce qui lui permet, adolescent, de rédiger ses premiers poèmes entre deux promenades au bord de sa chère Garonne. Plus tard, après le bac (obtenu avec mention), il s'inscrit aux facultés de lettres et de droit. Dans la première, il a pour professeur Fortunat Strowski. Ce dernier est un spécialiste émérite de Montaigne ; ce sera donc à l'auteur des Essais que Jean décidera de consacrer un mémoire. Nous voici alors en 1906. Cette année-là, licencié ès lettres, il devance l'appel. Il s'engage au 57ème régiment de ligne. Deux ans plus tard, cependant, il est réformé. Il en profite pour gagner Paris.
Il y renoue avec François Mauriac et André Lafon, un autre ami lointain. Il écrit inlassablement : des poèmes (qui seront retrouvés et rassemblés après sa mort sous le titre L'Horizon chimérique) mais aussi des contes (que des journaux lui achètent parfois). Et parce que la vie coûte cher, il est devenu en outre fonctionnaire. Il travaille en semaine au