Kundera l'art du roman
Kundera essaie de définir le roman «moderne »
Première partie : l’Héritage décrié de Cervantès
Pour Husserl l’identité spirituelle européenne naît avec l’ancienne philosophie grecque qui saisit le monde comme une question à résoudre parce que la passion de connaître s’est emparée de l’homme.
En 1935, Husserl dans ses conférences sur la crise de l’humanité européenne tentait de dater les origines de cette crise avec les débuts des temps modernes où les recherches scientifiques avaient réduit le monde à un simple objet d’exploration technique et mathématique et exclu le monde concret de la vie. Plus l’homme avançait dans son savoir en spécialisant les domaines de recherches, plus il perdait des yeux l’ensemble du monde et soi-même en sombrant dans «l’oubli de l’être» comme le nomme Heidegger.
C’est l’ambiguïté de cette époque qui est dégradation te progrès à la fois et comme tout ce qui est humain contient le germe de sa fin dès sa naissance. Pour moi, le fondateur des temps modernes est aussi Cervantès avec qui un grand art européen s’est formé et qui n’est rien d’autre que l’exploration de cet être oublié.
Le roman européen en quatre siècles a dévoilé, montré et éclairé tous les grands thèmes existentiels que Heidegger analyse dans Être et temps les jugeant délaissés par la philosophie européenne antérieure. Ainsi un par un le roman européen a découvert, à sa propre façon, par sa propre logique, les différents aspects de l’existence. Avec les contemporains de Cervantès il se demande ce qu’est l’aventure. Avec Samuel Richardson il commence à examiner ce qui se passe à l’intérieur, à dévoiler les sentiments. Avec Balzac il découvre l’enracinement de l’homme dans l’histoire. Avec Flaubert il explore la terra jusqu’alors incognita du quotidien. Avec Tolstoï il se penche sur l’intervention de l’irrationnel dans les décisions et le comportement humains. Il sonde l’insaisissable moment passé avec Proust et l’insaisissable moment