Explication de texte : kant le bonheur d'autrui
Demandons aux gens de la rue quel but ils donnent à leur existence, et la réponse sera vraisemblablement homogène: être heureux. C'est ce même but qu'Aristote reconnaissait, et avec lui la pensée antique, à la vie: "quel est de tous les biens réalisables celui qui est le Bien suprême (?) Sur son nom en tout cas, la plupart des hommes sont pratiquement d'accord: c'est le bonheur, au dire de la foule aussi bien que des gens cultivés" (Éthique à Nicomaque, 1095a15). Nous avons cependant expérimenté ceci, que l'exigence du bonheur entre parfois en conflit avec une autre exigence: l'exigence morale. C'est ce conflit que Kant souligne et qui lui fait distinguer radicalement bonheur et moralité. Bonheur et moralité sont-ils donc sans lien?
C'est cette question que Kant aborde ici. Kant par de l'idée que le devoir nous appelle indépendamment de notre plaisir ou de notre déplaisir. Le devoir s'imposerait en marge du bonheur et lui seul donnerait à nos comportements un sens, celui de la dignité humaine. Comment alors concevoir un lien entre ces deux sources radicalement distinctes de l'action, dont une seule possède une valeur humaine?
Le devoir, selon Kant, ne paie pas. Et en effet, nous avons ce sentiment qu'obéir à des conduites morales par intérêt, ce n'est pas être moral. Être moral, ce serait indépendant de la recherche d'une satisfaction. De plus, nous savons qu'une personne droite peut avoir une vie malheureuse. Le devoir, conclut Kant, ne rend pas heureux et n'a pas à le faire. Cependant, on peut logiquement rechercher un lien entre moralité et bonheur de la façon suivante: être heureux, cela ne pourrait-il pas être un devoir ? Mais dans quelle conditions strictes afin de ne pas tomber dans des contradictions? En fin de compte, ne pouvons-nous pas alors dénoncer à la fois les morales fondées sur le bonheur, et celles qui exigent un rejet ascétique des satisfactions?
Car c'est là le contexte dans lequel se déploie cette question: entre une vie qui