L2 UE25 TD3 La Vocation Au Croisement Des Espaces De Socialisation Bertrand
Étude sociologique de la formation des footballeurs professionnels DOSSIER
Julien BERTRAND
L
a pratique du métier de footballeur est subordonnée, comme pour tous sportifs de haut niveau (Fleuriel, 2004) ou pour certaines pratiques artistiques d’excellence (comme les danseurs (Faure
2000)), à la réalisation d’un apprentissage intensif de longue haleine, qui seul peut donner les armes nécessaires à l’accès à un marché très concurrentiel. La vive mobilisation des jeunes aspirants se réalise à l’intérieur de structures, comme les centres de formation des clubs professionnels 2, qui sont devenus depuis les années 1980 (Slimani,
2000) la voie privilégiée d’accès à la carrière. L’étude de l’un de ces centres (Bertrand, 2008) donne ainsi accès aux processus de socialisation à l’intérieur d’une organisation singulièrement enveloppante, et en particulier à la manière dont se construit progressivement un engagement intensif dans le football alors que les débouchées sont des plus incertains 3. L’incertitude du devenir constitue, en effet, une dimension centrale de la condition d’apprenti footballeur étant donné le degré de sélectivité de ce marché du travail et la pression qu’entretient sur celui-ci l’abondance des aspirants. Cependant, il apparaît que la construction de cet engagement ne peut se comprendre réellement sans
1/ Je tiens à remercier les membres du comité du lecture qui, grâce à leur expertise, ont permis des améliorations sensibles de la version initiale du texte. Celui-ci a également bénéficié de la lecture avisée de
Muriel Darmon, qu’elle en soit remerciée ici.
2/ On compte actuellement trente-deux centres de formation agréés. L’organisation distingue la « préformation » (12-14 ans) réalisée dans les centres fédéraux (douze pôles « espoirs » au total) ou parfois dans des clubs professionnels, et la « formation » proprement dite, qui est l’œuvre des centres de formation des clubs professionnels (CF).