Existe t-il des violences légitimes ? « La violence est la loi de la brute » (Romain Rolland) « Violence » : action d’intervenir sur quelqu’un en le faisant agir contre sa volonté, en employant la force et la brutalité. « Légitime » : caractère de ce qui est reconnu conforme au droit, à l’équité, qui est justifié par le bon droit, la raison, le bon sens. De ces deux définitions, puisées dans le Petit Larousse, il ressort une antinomie évidente entre « violence » et « légitimité ». La violence est une puissance naturelle et commune aux hommes et aux bêtes. Il paraît donc difficile de pouvoir la légitimer. De la loi de la jungle à la culture génératrice, dans l’absolu, de sécurité et de tranquillité, il y a le contrat social (dont parlait Hobbes), la communication, le désir de vivre ensemble pacifiquement… mais aussi l’utopie de croire que c’est possible, car « le mal radical est dans l’Homme » écrivait Kant qui reconnaissait qu’il existe dans l’être humain un penchant naturel au mal. Notre liberté s’est acquise par la force et dans la violence et c’est avec elles encore que nous défendons ce privilège. La force a pour objet d’imposer l’organisation d’un certain ordre social dans lequel une minorité gouverne, la violence tendant à la destruction de cet ordre. Il est malheureusement plus problématique d’apaiser le désir de violence que de le déclencher. Qui serait encore prêt à « tendre l’autre joue » ? Etudions ensemble l’un des ressorts de la violence qui s’explique par la projection sur un autre du mal qui peut nous atteindre. Il est aberrant de penser que l’on peut vouloir réaliser une identité pleine et entière en imaginant que le sacrifice de certains autres y suffira. Cela a pourtant été justifié, voire légitimé, avec l’extermination des Juifs, des Tziganes, homosexuels ou handicapés mentaux afin de préserver la pureté de la race aryenne