La bonne gouvernance
Le concept de « bonne gouvernance » est apparu à la fin des années 1990 dans les conditionnalités liées aux financements octroyés aux pays en développement par les institutions financières internationales et les autres bailleurs de fonds. Ce nouveau type de conditionnalité, s’il puise sa logique dans un fondement théorique pertinent, n’est cependant pas sans poser problème dans sa mise en œuvre effective. Il pose notamment la question de savoir si la « bonne gouvernance » est un préalable ou une conséquence du financement du développement.
Bonne gouvernance et développement
Le principal apport théorique du concept de « bonne gouvernance » provient de l’œuvre du prix Nobel d’économie 1998, Amartya Sen, pour lequel le progrès social et la démocratie sont des processus qui se renforcent mutuellement. Selon Amartya Sen, la démocratie fait partie intégrante du développement, envisagé comme « un processus d’expansion des libertés réelles dont les personnes peuvent jouir. De cette façon, l’expansion des libertés constitue à la fois la fin première et le moyen principal du développement » [1].
Pour illustrer le fondement de cette philosophie du développement, Sen évoque notamment le sort des esclaves avant l’abolition, soulignant que malgré un revenu moyen élevé, l’abolition de leur statut a été un objectif prioritaire, fut-il opéré au détriment de ces revenus : « La comparaison entre le panier des biens de consommation des esclaves et le revenu de la main d’œuvre agricole libre tourne en faveur des premiers. Par ailleurs, l’espérance de vie des esclaves n’apparaît pas, en termes relatifs, spécialement basse, elle est à peu près identique à celle qui prévalait alors dans des pays aussi développés que la France ou la Hollande et encore plus longue que celle des citadins employés dans l’industrie, aussi bien aux Etats-Unis qu’en Europe. Cependant, comme on le sait, les esclaves cherchaient