La bruyère des jugements
La Bruyère est un moraliste connu. C'est ainsi que l'on nomme les écrivains – notamment du XVII° siècle, comme Pascal, La Rochefoucauld – qui traitent de sujets de la pensée avec des écrits courts : maximes, pensées. La Bruyère est le maître du portrait. Son principal livre, Les Caractères (1688), grâce à la caricature tend à montrer que les hommes peuvent s'améliorer. Mais il y a aussi, dans Les Caractères, des passages plus généraux comme ce chapitre XII intitulé : « Des Jugements ». La Bruyère questionne la validité des jugements humains.
Il y dénonce l’orgueil humain. J'analyse ensuite les différentes étapes de ce réquisitoire.
L’ORGUEIL DES HOMMES :
Le thème de la « gloire » : A trois reprises dans le texte, l’auteur reproche aux hommes de régler leur comportement sur le souci de leur « gloire ». Ainsi, ligne 23, c’est l’amour de la « gloire» qui sert à justifier les guerres : « Et si les uns ou les autres vous disaient qu’ils aiment la gloire... » (pour justifier leur goût de la guerre). Ligne 37, « la gloire » est encore dénoncée comme ce qui pousse les hommes au surarmement. Humoristiquement, La Bruyère personnifie la gloire : «elle aime le remue-ménage ; elle est personne de grand fracas ». Dans cette formule, où l’on retrouve le La Bruyère des portraits, la guerre est déguisée en « petit marquis », le vacarme de la mitraille identifié aux rodomontades bruyantes du vaniteux. Cette phrase, qui achève le texte, renvoie à la définition de l’homme proposée au début du texte : « espèce d’animaux glorieux et superbes » (l.4). Au XVII° siècle, les mots « gloire, glorieux » ont un sens ambivalent : ils ne désignent pas seulement (comme aujourd’hui) l’honneur reconnu, la réputation justement acquise ; ils désignent aussi le sentiment de satisfaction de celui qui a mérité de tels honneurs (la fierté, l’orgueil légitime) ou l’excessif contentement de soi (la prétention, la superbe, la vanité). C’est ce dernier sens qu’il faut donner à la formule