Théophile Gautier débute dans la peinture avant de se faire poète, romancier et critique d’art. Se réclamant du romantisme, Théophile Gautier s’en distingue malgré tout par son culte de la beauté et de « l’art pour l’art », proche du mouvement Parnasse. Son goût de l’exotisme et de l’insolite, ainsi que sa découverte de l’écrivain allemand Hoffmann, l’engage vers la littérature fantastique, fort en vogue en cette première partie du XIX siècle. C’est ainsi qu’en 1831, il publie son premier conte fantastique, La Cafetière. La Cafetière raconte l’histoire d’un homme dont la vie a été bouleversée par une étrange expérience. Une nuit, le narrateur rencontre l’amour sous les traits d’une femme magnifique. À l’aube, celle-ci se transforme en cafetière avant de se briser. Peu après, le narrateur découvre que cette Angéla est la sœur disparue de son hôte. L’extrait présenté se situe quand après avoir dansé, le couple se repose enlacé, et se termine avec le réveil sombre et solitaire de Théodore, moqué par ses amis. Théophile Gautier n’a que vingt ans quand il publie cette nouvelle, mais dès lors, il reviendra tout au long de sa carrière sur ce genre littéraire qui lui permet d’exprimer ses obsessions tout en les teintant d’une douce ironie. Et cet extrait nous permet de comprendre les procédés utilisés par Gautier pour dépasser la simple histoire à faire peur. En effet, si l’écriture est incontestablement fantastique, si le thème central reste passionnément romantique, le rire autorise la distance nécessaire pour mettre en question une réalité décevante.
Le sous-titre de conte fantastique du récit annonce l’intention de l’auteur d’utiliser l’irruption du surnaturel pour provoquer une rupture de la cohérence du monde. On ne sait ce qu’est « La mystérieuse et fantastique créature », mais celle-ci fascine le narrateur et lui fait admettre le merveilleux comme naturel. Inexplicable et sans fondement dans la réalité, cet être entraîne le narrateur dans un