La civilisation en classe de fle. la négritude dans "souffles" de birago diop
La civilisation en classe de FLE.
La nÉgritude dans Souffles de Birago Diop
Il convient tout d’abord de distinguer la Négritude en tant que courant littéraire et politique, et la négritude en tant que concept. On le sait: le courant a été créé à Paris autour des années 1930 par Senghor, Césaire et Damas, un mouvement qui rassemblait des écrivains noirs francophones. Lié à l’anticolonialisme, il influença par la suite beaucoup de personnes proches du Black Nationalism, s’étendant bien au-delà de l’espace francophone. En tant que concept, le mot « négritude » n’a pas été employé de la même manière, voire pour indiquer la même idée, par les écrivains mêmes qui l’avaient lancée. Pour Senghor, c’est l’ensemble des valeurs économiques, politiques, intellectuelles, morales, artistiques et sociales des peuples d’Afrique et des minorités noires d’Amérique, d’Asie, d’Europe et d’Océanie. C’est une culture. Pour Césaire (l’inventeur du mot, utilisé dans son Cahier d’un retour au pays natal, 1947, texte préfacé et cautionné, d’une certaine façon, par André Breton), le mot désigne en premier lieu le rejet de l’assimilation culturelle, le refus d’une certaine image du Noir paisible, paresseux, incapable de construire une civilisation. Refus de l’Occident, la négritude est une affirmation de l’Afrique. Dans Orphée noir, préface à l’Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française de Senghor (1948), Sartre réussit à donner au néologisme de Césaire une extension extraordinaire, en proposant une interprétation qui intègre la prise de conscience noire dans le cadre de la philosophie existentialiste. Pour Sartre, la négritude se définit comme « l’être dans le monde du noir »: une manière, pour le Noir, d’assumer sa situation d’homme avili, écrasé par l’histoire, et de se reconstituer par un geste d’affirmation de soi, par l’élaboration d’un projet libérateur. Pour nous, la négritude est la façon dont les Négro-africains