La colonne d'harmonie
Il est presque banal de constater que, partout et de tous temps, l'homme a accompagné de musique toutes celles de ses activités qui sortent de l'ordinaire quotidien. Que ce soit pour les festivités de la famille ou de la tribu, lors des rituels cosmiques comme les fêtes des saisons, que ce soit aussi pour la commémoration des morts, les humains de toutes civilisations ont reconnu à la musique ses facultés incantatoires et de mise en condition. Si le tam-tam des primitifs avec sa puissance rythmique ou le violonci du village animaient les festivités populaires, assez vite avec l'amélioration des instruments de musique on assiste au développement d'une expression mélodique plus accentuée, capable de faire écho aux sentiments les plus complexes et de les souligner. La musique devenait dès lors supérieure à la parole. Celle-ci n'est qu'un signe et elle reste stéréotypée, abstraite, pauvre et froide Seul l'art et surtout la musique pouvait suggérer l'inexprimable, rendre intelligible' le symbolisme et enrichir la perception du sacré; ses redoutables facultés incantatoires, bien propres à émouvoir et à provoquer un état second, il était normal qu'elles soient exploitées pour toutes les activités humaines supérieures où l'être humain doit être saisi, non pas par sa seule intelligence mais par toute son âme. On la retrouve donc partout où il est besoin de transfiguration et de transcendance, donc dans toutes les manifestations à caractère sacré, initiatique, ésotérique ou mystique. Je voudrais rapidement illustrer cette puissance suggestive de la musique en vous faisant entendre quelques phrases tirées de l'Office des vêpres orthodoxes russes. Comme vous pourrez le constater, la récitation d'un psaume, par définition monotone et ennuyeux, est suivie d'un développement musical qui le commente, l'illustre et l'embellit, créant ainsi chez le fidèle le profond sentiment religieux qui est recherché. VEPRES ORTHODOXE Cela dit et entendu, il était