La conquête mongole
Un petit Mongol devenu empereur « océanique »
Temüdjin appartient à ce peuple venu depuis peu de sa Mandchourie ancestrale dans les steppes magnifiques de la Mongolie, au milieu des tribus turques qui depuis plus d'un millénaire en ont fait leur patrie. Turcs et Mongols sont cousins : ils relèvent de la même famille linguistique, celle des altaïques, ont la même religion, celle du Dieu-Ciel, et le chamanisme, mais parlent des langues différentes et n'ont pas atteint le même degré de civilisation. Les Mongols sont des barbares mal dégrossis, analphabètes, qui ne se savent pas encore « Mongols », bien qu'ils aient déjà une certaine conscience nationale et aient tenté au XIIe siècle de se fédérer.
Qui oserait miser sur Temüdjin ? Il n'a que peu d'atouts et les perd d'emblée. Son père est assassiné par les Tatars en quittant les Qonggirat. Sa mère, en charge d'enfants – cinq nés d'elle et deux d'une concubine de son mari – se fait expulser de son clan et doit mener avec eux une existence vagabonde, « se nourrir d'aulx et d'oignons sauvages », « se disputer les poissons » qu'ils pèchent ou les oiseaux qu'ils tirent avec leurs petits arcs. Ils survivent