La crise de la dette en afrique
Eric Toussaint et Damien Millet Quel est l’impact de la dette extérieure sur le niveau de développement humain? Les institutions financières internationales exigent inlassablement le remboursement de la dette extérieure. Elles l’imposent comme une priorité pour poursuivre le dialogue avec les autorités des pays endettés. Nous verrons que les gouvernements du Sud auraient de multiples raisons pour refuser cette dette souvent immorale et illégitime. Des arguments politiques, économiques, sociaux, moraux, juridiques, écologiques, religieux en ce sens seront développés dans cet ouvrage. Mais les pressions exercées par les grands argentiers du monde et les collusions entre classes dominantes du Nord et du Sud sont telles que la plupart des dirigeants des PED acceptent de voir leurs populations plier sous le fardeau de la dette. La dette des PED est devenue beaucoup trop importante pour ces économies fragiles et a annihilé toute tentative de développement. Selon Kofi Annan, secrétaire général de l’ONU, en 2000, le service de la dette [voir lexique] s’élève en moyenne à 38 % du budget des États d’Afrique subsaharienne. S’ils suivent les exigences du FMI, de la Banque mondiale et des autres créanciers, ils n’ont d’autre recours que de mettre en place une politique d’austérité budgétaire stricte. Cela implique des dépenses publiques réduites au minimum dans les domaines de l’éducation, de la santé, de l’entretien des infrastructures, des investissements publics dans des activités génératrices d’emplois, du logement, sans parler de la recherche et de la culture. Seules sont épargnées les dépenses en faveur de la police et de la justice.
Part du budget allouée aux services sociaux de base et au service de la dette pour la période 1992-1997 Pays Services Service de la sociaux dette Cameroun 4,0 % 36,0 % Côte d'Ivoire 11,4 % 35,0 % Kenya 12,6 % 40,0 % Zambie 6,7 % 40,0 % Niger 20,4 % 33,0 % Tanzanie 15,0 % 46,0 %