la disparition
-Politique et sujet chez Simondon
Mise en ligne le jeudi 5 mai 2005 par Alberto Toscano
Est-il possible d’extraire des écrits de Gilbert Simondon les linéaments d’une pensée (de la) politique ? On esquissera une réponse affirmative en portant notre attention sur trois aspects de la philosophie de Simondon : 1. la façon dont le concept de Nature ou de pré-individuel déplace les débats sur le rapport entre action politique, nature humaine et capacité biologique ; 2. l’importance de l’excès du sujet sur l’individu comme matrice d’une politique du transindividuel ; 3. la possibilité d’envisager la notion de disparation, surtout dans sa lecture deleuzienne, comme un apport essentiel à une philosophie politique de la différence, c’est-à-dire à une pensée non-dialectique de la construction et du conflit. On terminera avec une considération sur les limites de Simondon, limites concentrées dans la notion équivoque et irénique de « culture » ou de « culture technique ».
The power of a word lies in the very inadequacy of the context in which it is placed, in the unresolved or partially resolved tension of disparates.
Robert Smithson
Il y aurait maintes raisons pour juger une lecture politique des écrits de Simondon illégitime et stérile, ou au moins foncièrement problématique. D’abord, on pourrait observer que la pensée simondonienne, bien qu’elle développe des concepts tels que société, communauté ou culture, n’accorde aucune spécificité à l’activité politique. Mieux, on peut trouver dans sa démarche théorique, en particulier dans sa conception du rapport social ou transindividuel, une forte charge anti-politique, si l’on définit « politique » soit comme administration souveraine et représentative de la chose publique, soit comme activité de répartition des places et des pouvoirs, soit comme interruption et dissensus. On répondra que, dans une époque où « l’ontologie a absorbé le politique » [1], c’est seulement vers les penseurs qui ont évité