La « distribution illogique » des expressions émotionnelles dans un cœur simple
Vers la deuxième moitié du 19è siècle, le courant réaliste, avec l’intention de décrire la réalité dans une manière objective, aussi véritable que possible, se formait (Darcos 1992 : 316[1]). Nous identifions ainsi Un cœur simple de Flaubert[2], l’histoire de la vie quotidienne d’une pauvre servante au 19è siècle, comme un récit réaliste. Mais comme Darcos propose, « La volonté de ”faire vrai” par les moyens de l’écriture artistique peut paraître paradoxale ou contradictoire », puisque l’écriture est toujours partiale et subséquemment ne pas complètement objective (ibid.). Dans Un cœur simple, il y a en effet un nombre d’exemples où la partialité de Flaubert rendent le récit paradoxal et contradictoire, c’est-à-dire ne pas très crédible. Plus précisément, la « distribution » des expressions d’émotions et de pensées de Félicité, le personnage principal, montre comment Flaubert échoue à faire le récit réaliste dans le sens « crédible ».
En lisant que Félicité semble « une femme en bois, fonctionnant d’une manière automatique » (p. 18), nous comprenons que Félicité n’est pas un personnage très sentimental. Le récit contient effectivement très peu de descriptions de l’état d’esprit de Félicité, malgré le grand nombre des événements tristes qui ont lieu. Quand meurent, l’un après l’autre, le neveu Victor, Virginie, le père Colmiche et Mme Aubain – qui sont tous des personnes aimés par Félicité – il y a très peu d’indications des émotions et des pensées de Félicité. Dans la plupart des cas, nous voyons plutôt ses réactions physiques ; elle pleut, tombe sur une chaise et répète « Pauvre petit gars ! » (p. 58) ou dit une prière (p. 69). Flaubert montre, à maintes reprises, comment Félicité réagit aux décès dans la « manière automatique ». Même quand le perroquet – qu’elle aime tellement qu’elle le confond avec le Saint-Esprit – meurt, elle pleut beaucoup, mais encore une fois, il n’y a