la dramaturgie classique
1. Les origines de la doctrine
Les théoriciens et les écrivains du temps entreprirent d'élaborer une doctrine esthétique cohérente et solide, d'édicter des règles, de formuler des « arts poétiques » qui aideraient à créer les œuvres et les chefs-d'œuvre. Pour ce faire ils se tournèrent vers des modèles étrangers. Les critiques, humanistes encore et volontiers italianisants, du règne de Louis XIII lurent et relurent
Aristote et ses commentateurs modernes de la Renaissance italienne : un Vida et son Art poétique de 1527, un Scaliger et sa Poétique de 1561, un Castelvetro et son Commentaire de
1570.
En France, ce fut surtout la génération de 1630 qui célébra à son tour, avec Chapelain,
Scudéry, La Ménardière, etc., le culte d'Aristote. Mais la génération « classique » par excellence, celle de Molière, Racine, La Fontaine, reprit le flambeau. Une autre source, complémentaire, joua un rôle non négligeable, l’Art poétique du latin Horace, lequel avait repris les théories de son prédécesseur, mais précisé en outre trois points essentiels : le caractère utilitaire de l'art, l'importance, par rapport au génie, du métier poétique, enfin la distinction des genres.
2. Les fondements de la doctrine
• L'utilité de l'art
La thèse de l'utilité, émise par Platon, reprise par Horace, Scaliger, Ronsard, devint l'un des articles du credo classique : pour Chapelain comme pour Molière, Racine ou La Fontaine il fallut
« instruire et plaire ». Mais comment les écrivains pouvaient-ils améliorer les mœurs ? On mettait en avant, à propos de la tragédie, la théorie aristotélicienne, aussi fameuse que controversée, de la « catharsis », ou « purgation » des passions. Le spectacle tragique serait une sorte de thérapeutique ou d'exorcisme, en ce qu'il permettait aux spectateurs d'apprivoiser ou de maîtriser les passions excessives ou dangereuses qu'on lui montre ou plutôt qu'on lui fait vivre par procuration. En outre la « naïve peinture des