La démocratie turque est-elle une démocratie européenne ?
Aujourd’hui, la Turquie se présente au cœur d’un débat passionné quant à son intégration à l’Union Européenne. Les arguments souvent évoqués sont ceux concernant les droits de l’homme, la reconnaissance du génocide arménien, ou encore la peur face à une supposée « menace islamiste ».Cependant, il est rarement fait état de la réalité du régime politique turc, toujours méconnu. L’article 6 du traité européen stipule que « L’Union est fondée sur les principes de la liberté, de la démocratie, du respect des droits de l’homme, ainsi que de l’Etat de droit, principes qui sont communs aux Etats membres. Or, la déclaration de l’art 2 de la Constitution turque de 1982 fait écho au traité, « La Turquie est un Etat de droit démocratique, laïque et social, respectueux des droits de l’homme ». A cet égard, nous allons essayer de voir dans quelle mesure la démocratie est-elle appliquée dans ce pays ?
Le système politique de la Turquie est-il compatible avec les conditions politiques requises pour une éventuelle adhésion à l’Union Européenne ?
La démocratie est la principale prérogative requise pour intégrer l’UE. Pour qu’un pays soit défini comme démocratique, il est nécessaire qu’il garantisse les libertés fondamentales, qu’il assure un équilibre entre les différents pouvoirs et enfin la laïcité doit être définie comme un attribut de l’Etat. Mon exposé consistera à étudier successivement l’application de chacun des ces trois critères en Turquie ainsi que leur limite.
I. Les libertés et droits fondamentaux en Turquie sont-ils dignes d’une « démocratie européenne » ?
A. La Turquie : un pays en voie de démocratisation. La Turquie s’est engagée très tôt dans la voie de démocratisation qui lui a permis des évolutions démocratiques qui devançaient parfois celles des autres pays européens. Dans cette optique, on constate des premières réformes engagées par Mustafa Kemal, surnommé Atatürk