La fable des abeilles et le développement de l'économie
CHAPITRE 20 LA FABLE DES ABEILLES ET LE DÉVELOPPEMENT DE L’ÉCONOMIE POLITIQUE
économie politique, au tournant du XVIII e siècle, entreprend de fixer son objet, ses frontières et ses méthodes. Au cours de cette époque fondatrice l’économie politique s’identifie à l’économie politique libérale avec, entre autres, François Quesnay et la physiocratie, Turgot (notamment, Réflexions sur la formation et la distribution des richesses, 1766) et, surtout, Adam Smith, en Angleterre, qui eût une influence prépondérante. Un peu plus tard, sous l’action des Idéologues, en France, et en particulier de Jean-Baptiste Say (1767-1832), le domaine économique est conçu comme une partie d’une « science sociale » plus vaste, et son étude est introduite, à l’Institut, dans la classe des sciences morales et politiques. Ainsi pendant que s’édifient les fondements théoriques de la nouvelle société basée sur la concurrence, les citoyens de l’État de droit, supposément libres et raisonnables, sont appelés au nom de l’utilité publique à devenirs travailleurs, prospères et vertueux.
Jean-Baptiste Say, 1767-1832
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Le slogan de l’économie politique devient, dès la deuxième moitié des Lumières, le « laissez-faire, laissez-passer » de l’école physiocratique, son image, celle smithienne, de la « main invisible », et sa devise empruntée à Mandeville et à la Fable des Abeilles : « les vices privés font le bien public ».
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Les grandes figures du monde moderne
La nouvelle discipline émerge avec l’école physiocratique en liant, dès le départ, les enjeux politiques à une « législature morale » ; elle a pour finalités l’affirmation des droits naturels et le progrès des Lumières, et situe, par le fait même, selon les convictions idéologiques de l’heure, le mieux-être social à l’horizon de l’universalité du genre humain. La doctrine physiocratique inspire les réformes de Turgot, chargé d’épurer les finances sous Louis XVI, à la veille de la Révolution, ainsi