La grenouille qui veut se faire aussi grosse que le boeuf
Introduction : Dans cette fable, comme Voltaire, La Fontaine dénonce la vanité, mais choisit de passer par le monde animalier. C'est un récit plus amusant, plus burlesque, qui permet d'éviter la censure plus facilement, qui rend les ennemis plus chétifs, inoffensifs et insignifiants. On est dans un monde familier et rassurant qui est normalement un genre destiné aux enfants, qui permet de rendre les comportements humains plus puérils. Comme le conte philosophique, la fable est un apologue. En effet c'est un récit distrayant qui contient une morale, parfois implicite. Dans ses fables le narrateur a le regard scientifique surplombant d'un zoologue ; cela donne l'impression qu'il domine, qu'il maîtrise les défauts humains et qu'il s'en amuse. Il nous donne également l'impression que les comportements humains appartiennent à des lois naturelles, ce qui les rendent d'autant plus dérisoires. La Fontaine porte un regard amusé, serein, résigné, tandis que Voltaire est beaucoup plus rageur, il s'acharne contre ses ennemis qui sont de la même taille. La Fontaine préfère se résigner, observer et sourire. Texte étudié : Une Grenouille vit un Boeuf. Qui lui sembla de belle taille. Elle, qui n'était pas grosse en tout comme un oeuf, Envieuse, s'étend, et s'enfle, et se travaille, Pour égaler l'animal en grosseur, Disant : "Regardez bien, ma soeur ; Est-ce assez ? Dites-moi ; n'y suis-je point encore ? Nenni. - M'y voici donc ? - Point du tout. M'y voilà ? - Vous n'en approchez point." La chétive pécore S'enfla si bien qu'elle creva. Le monde est plein de gens qui ne sont plus sages : Tout bourgeois veut bâtir comme les grands seigneurs, Tout petit prince a des ambassadeurs, Tout marquis veut avoir des pages. Analyse : Vers 1-2 Deux octosyllabes, avec un rythme rapide et vif à la fable, récit allègre (joyeux). On va à l'essentiel, les deux personnages sont présentés