La laïcité en france de 1905 à 1984
Introduction
Les historiens, Lucien Febvre et Marc Bloch, avaient déjà pensé le fait religieux comme un fait social et collectif, de la même façon que le fondateur de la sociologique Emile Durkheim et à la différence de Fernand Braudel pour qui le religieux appartient à la sphère de l’intime. Or, la question de la laïcité ne se pose qu’à partir du moment où le fait religieux est un fait social et non un fait strictement individuel, dans la mesure où la laïcité s’attaque à l’influence qu’exerce le religieux dans les sphères sociale et politique.
En effet, on peut définir la laïcité comme un phénomène de société, comme un mouvement évolutif de longue durée, comme une conception politique selon laquelle l’organisation de la société repose sur la séparation de l’Église et de l’État, en particulier dans le domaine de l’enseignement. Dans cette optique, l’État reconnaît toutes les religions sans en adopter aucune. L’affirmation de la laïcité, qui est généralement le signe d’une sécularisation de la société, ne postule pas la disparition du principe spirituel, mais fait de celui-ci une pratique individuelle, relevant exclusivement de la sphère privée. Elle représente alors l’installation dans un présent historique qui a effacé le passé antérieur et où le thème de la liberté religieuse remplace celui des droits de Dieu et de l’église, où l’horizon de la civilisation chrétienne s’efface devant celui de l’humanité universelle. Le concept de la laïcité recouvre trois plans de réalité distinctes qui révèlent l’inscription de ce concept dans toutes les sphères de la société : tout d’abord, l’Etat ; ensuite les institutions et les services publics tels que l’école, l’armée, l’administration ou la justice ; et pour finir, la société civile et sa culture (programmes scolaires, mass média, mœurs et intelligences). En effet, comme le souligne René Rémond, « toute analyse des rapports entre le fait religieux et la société, comme