La mare au diable
Le plus heureux des hommes serait celui qui, possédant la science de son labeur, et travaillant de ses mains, puisant le bien-être et la liberté dans l’exercice de sa force intelligente, aurait le temps de vivre par le cœur et par le cerveau, comprendre son œuvre et d’aimer celle de Dieu. (p.28)
Si l’histoire est bien connue, les intentions de l’auteur le sont moins. Souvent mal lu et dénigré, La Mare au diable est trop souvent assimilé à une lecture pour la jeunesse. Or, comme l’explique George Sand dans le premier chapitre : Nous croyons que la mission de l’art est une mission de sentiment et d’amour, que le roman d’aujourd’hui devrait remplacer la parabole et l’apologue des temps naïfs (p.25). Il s’agit donc de comprendre qu’elle est explicitement la visée de ce roman qui se présente à la fois comme une “parabole” et un “apologue”. On a souvent critiqué la vision utopique de Sand sur les paysans, l’accusant de ne pas rendre compte de la réalité. Or la phrase citée plus haut révèle à tel point Sand ne cherche pas à dresser un tableau réaliste de la condition paysanne comme pourrait le faire Balzac, mais bien de créer un récit didactique. Comme je le disais plus haut, la famille du Père Maurice représente la famille nucléaire par excellence : sorte de communauté idéale dans laquelle chacun subvient aux besoins des autres, les femmes s’occupant du foyer, les hommes étant chargés de subvenir aux différents besoins de la famille. Si le Père Maurice incarne le patriarche, il est aussi à l’écoute des besoins des membres de sa famille, et, aidé par sa femme, il cherche à faire le bonheur de chacun.
le beau-père