La monnaie active et passive
David Laidler, économiste invité
• Le rôle que joue la monnaie dans la transmission de la politique monétaire reste controversé. Certains voient en la monnaie une variable passive, qui réagit aux variations des prix, de la production et des taux d’intérêt; d’autres lui assignent plutôt un rôle actif dans la modification de ces variables. Les résultats empiriques militent en faveur de l’assignation d’un rôle actif à la monnaie dans le cas de l’économie canadienne, surtout en ce qui concerne les agrégats au sens étroit, qui sont plus directement liés aux transactions. Les changements institutionnels peuvent engendrer, et ont effectivement engendré, de l’instabilité dans les fonctions de demande des agrégats au sens étroit, ce qui limite l’utilité pour la conduite de la politique monétaire de cibles explicites fondées sur ces agrégats. Néanmoins, il y a tout lieu de croire que la Banque du Canada aurait avantage à être plus attentive à l’évolution des agrégats monétaires au sens étroit qu’elle ne l’a été durant les années 1980 et 1990.
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epuis huit ans, une cible en matière d’inflation, fixée conjointement par la Banque du Canada et le gouvernement fédéral, sert de point d’ancrage à la politique monétaire canadienne. Pendant une période vingt fois plus longue, la théorie quantitative de la monnaie a fourni aux économistes un cadre leur permettant d’analyser l’influence de l’offre de monnaie sur le taux d’inflation. La Banque du Canada expose périodiquement ses observations sur le comportement de l’agrégat au sens étroit M1 et des agrégats au sens large (M2, M2+, etc.) dans son Rapport sur la politique monétaire et dans la Revue de la Banque du Canada, mais le Modèle trimestriel de prévision (MTP), l’outil d’analyse à l’aide duquel la Banque élabore actuellement sa politique, ne comprend aucun agrégat monétaire1. Pourtant, il y a de fortes raisons de croire non seulement que l’offre de monnaie