Tels que figurés dans l’intitulé, immoralité et bonheur, ou plus exactement “ être heureux ”, s’inscrivent dans une relation qu’une analyse thématique de l’énoncé doit permettre d’expliciter. Trois thèmes se dégagent explicitement de la formulation de l’énoncé, deux d’entre eux consistent dans les notions mêmes de bonheur et d’immoralité, quant au troisième, il porte sur leur relation caractéristique. (i) L’immoralité : cette notion se démarque au premier abord par son caractère privatif. L’immoralité apparaît comme la négation de la moralité, autrement dit comme la contradiction des principes définissant ce qui est qualifiable de moral. Qualifier quelque chose de moral, en l’occurrence un homme quelconque, suppose la référence à la notion même de morale. Si la transition de l’attribut au substantif conceptuel va de soi, ce n’est pas pour autant trivial, car la morale, par distinction d’avec l’éthique, peut se définir comme un corps de maximes ou de préceptes normatifs par lesquels s’évalue un acte, un comportement, etc. en fonction de l’existence ou non d’infraction (si “ tu ne tueras point ” est un précepte moral, alors tuer est donc immoral). L’immoralité peut donc pour l’instant se définir par la négation de la moralité, et donc par la contravention au code de la morale, à ses valeurs, par l’inadéquation des actes avec le code. (ii) Le bonheur : réduire le fait de pouvoir être-heureux au bonheur ne va certes pas de soi. Car ceci présuppose la réduction d’un fait (être heureux effectivement) à une notion abstraite (le bonheur). Ceci nous permet de relever l’ambiguïté de la notion de bonheur elle-même, puisque le bonheur paraît appartenir tant au droit qu’au fait. Une telle remarque sur le thème du bonheur vise à éviter de croire pouvoir en donner une définition indépendamment du cadre dans lequel il intervient. (iii) La condition de possibilité (ou pouvoir-être) : et justement, le cadre dans lequel intervient la notion de bonheur nous est ici donné par l’analyse