La morale
A. Le Stoïcisme.
La morale stoïcienne part d’un constat : il y a deux sortes de choses, celles qui ne dépendent pas de nous – et ce sont elles qui sont les plus importantes en nombre : santé, fortune, chance, réussite, etc…- et celles qui dépendent de nous : nos jugements. Bref, la seule chose qui dépende de nous et sur laquelle nous ayons un pouvoir, ce sont nos jugements. Nous ne pouvons pas changer ce qui nous arrive. Bien plus, c’est un manque de discernement que de vouloir changer ce qui ne peut l’être : on se rend doublement malheureux, d’une part ce qui nous arrive nous affecte, d’autre part on forme un désir impossible à réaliser : que ce qui est soit autrement qu’il ne soit. Et d’après les Stoïciens, c’est surtout le désir insensé que les choses soient autrement qu’elles ne sont qui nous rend misérables. Voilà pourquoi : « Il faut tâcher de changer ses jugements plutôt que l’ordre du monde », Epictète, Entretiens, I, La Pléiade, p. 839.
L’ordre du monde correspond au destin, c’est-à-dire à l’ensemble – fort enchevêtré – de toutes les séries causales. Il ne faut pas confondre destin et fatalité. La fatalité, c’est l’idée qu’un événement particulier, s’il est fatal, se produira nécessairement, quoi qu’on fasse pour empêcher sa réalisation. La pensée du destin au contraire, tient compte de toutes les séries causales et signifie seulement qu’une fois qu’une chose s’est produite, c’est que toutes les causes pour qu’elle se produise étaient réunies et qu’il ne pouvait plus en être autrement. Bref, le destin, c’est d’abord tout simplement l’idée qu’à partit du moment où une chose s’est produite, il est désormais impossible qu’elle ne se soit pas produite. Il est dès lors vain de vouloir la changer. La sagesse stoïcienne est une sagesse de l’acceptation du destin :
« Qu’est-ce qui appartient à l’homme de bien ? C’est de s’offrir au destin. C’est une grande consolation d’être emporté avec l’univers. Quel que soit l’être qui nous a