La mort absurde des aztèques
L'INTROUVABLE
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La mort absurde des Aztèques par Mouloud Mammeri
Ce court essai de Mouloud Mammeri, en introduction à sa pièce de théâtre, Le Banquet, publiée à la Librairie académique Perrin en 1972 — texte devenu introuvable — , nous est apparu d'une certaine actualité par ses réflexions sur la violence, la différence, l'impérialisme.
“Nous autres civilisations, nous savons maintenant que nous sommes mortelles”. Cette découverte tardive de la maturité désenchantée de l’ Occident, les Aztèques en avaient fait la base de leur conception du destin. L’ histoire c’ était une succession de soleils qui naissaient dans la douleur, qui, de savoir en naissant que le temps qui leur était imparti était mesuré, mettaient à vivre une sorte d’ exaltation forcenée. Le monde pour survivre avait besoin du concours des hommes, qui jetaient chaque jour dans la gueule d’ une mort insatiable des coeurs arrachés chauds de leurs poitrines. Un concours qui ne souffrait pas de distraction : une minute de fatigue ou d’ oubli, de pitié seulement, et le soleil ne se levait plus : le monde entier retournait à la nudité glacée du néant. L’ angoisse renaissait à chaque aube, parce qu’ chaque aube les aubes n’ à avaient jamais que le sursis d’ jour. un L’ est, où jaillit la lumière, c’ était le lieu des angoisses aztèques, à l’ est chaque jour se jouait le drame du monde et de sa survie. La capitale des Aztèques, Mexico, était la cité hallucinée des sursitaires de la mort. Le monde vivait son cinquième soleil, ni pire ni meilleur que les autres. Les Mexicains tenaient a bout de bras l’ univers, à coup de guerres, de prières, de discipline et de cruauté. Mais ils savaient que les rivières de sang de leurs prisonniers sacrés ne pouvaient que prolonger le répit; un jour le cinquième soleil, après vécu, mourrait.
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ALGERIE LITTERATURE / ACTION
La certitude et l’ attente n’ enlevaient rien au tragique de leur mort. Au contraire. La lucidité exacerbait l’