La neige en deuil
Dans cette œuvre, Henri Troyat met l’accent sur la nature sous toutes ses formes. Le lexique est relativement simple et populaire, sauf lorsque le thème de la montagne ou de l’agriculture est abordé : ce vocabulaire se révèle alors très étudié.
Le champ lexical de la montagne est très vaste : Troyat jongle avec des termes précis et propre à un guide de haute montagne, grimpeur ou autre spécialiste tel que le sérac qui désigne un amas de glace ou encore la rimaye qui est précisément l’endroit où une crevasse sépare un glacier de ses parois rocheuses. Les termes difficiles sont des substantifs provenant principalement du Savoyard et propre au domaine de l’escalade. Les mots utilisés sont donc justes et rares, ce qui appuie l’authenticité et la véracité du récit. Il y a un souci de recherche d’exactitude et de fidélité au réel.
Le nom de famille des personnages, Vaudagne le Dru, n’est pas choisi par hasard. Dru désigne en effet le pic le plus haut du Mont-Blanc, montagne dans laquelle se déroule l’aventure d’Isaïe et de Marcellin. L’adjectif « dru » s’utilise pour définir des chutes de neiges abondantes ou encore pour qualifier un être humain de robuste et de construction solide. Cet adjectif est donc particulièrement bien choisi puisqu’il relate, par sa seule signification, le cadre dans lequel se déroule l’histoire, l’élément principal de celle-ci, à savoir la neige, et le caractère de son personnage principal, Isaïe.
Le deuxième thème majeur est l’agriculture. Ce dernier a sa place au sein de l’œuvre car il définit le mode de vie d’Isaïe, ancien guide reconverti dans l’élevage de moutons. Encore une fois, Troyat manie un vocabulaire sophistiqué et approprié : la provende désigne un mélange de graines, le suint sera employé judicieusement pour définir la graisse qui imprègne la toison des moutons et la glèbe définira un sol en culture. Ce souci du détail et de précision marque une nouvelle fois la part du réel dans l’œuvre.
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