La nuit sacrée
(1958)
Roman de 160 pages
Catherine vit dans «une ville de hauts fourneaux», mais est une jeune fille simple et avenante, au cœur ardent, aux songes enfantins. Elle s'éprend d'un jeune pianiste, Michel, adolescent vieilli, être froid, distant et fou, qui l'emmène dans son «pays de brume et de forêt» où, avec sa soeur, Lia, et Aline, une vieille bonne épisodique, il habite une demeure pleine d'ombre et de souvenirs où deux «chambres de bois», luxueuses mais enfouies dans un «bazar incohérent», sont séparées par un corridor. Elle l'épouse et veut le suivre dans ses propres rêves et dans le désordre de sa vie où, entre deux passions, viennent se mêler les liens mystérieux de l’enfance. Lia et Michel ont, en effet, une relation malaisée, orageuse, trouble et troublante, qu’ils essaient sans doute de noyer dans la peinture, la musique, les livres, l’alcool et les cigarettes. Ils s’efforcent en vain de la fuir, Lia en prenant un amant, Michel en épousant Catherine. Mais celle-ci doit lutter pour sa vie contre l’étrange amour de Michel, un amour enfermant, passionné et malsain où sont mêlées la cruauté et l’indifférence. Elle n'y parvient pas et fuit ces «chambres de bois» pour retrouver le soleil et la vraie jeunesse innocente.
Commentaire
Les pays et les villes sont imprécis, à l’exception de Paris qui est nommé une seule fois, comme si de rien n’était. La critique a longtemps considéré que le pays de la première partie est la région de l'amiante au Québec, mais Anne Hébert a indiqué qu’il lui a été inspiré plutôt par le nord de la France tel qu'elle l'a vu en revenant vers Paris lors d'un voyage en Belgique. De toute façon, cette histoire d’une libération se passe surtout dans ces « chambres de bois » qui sont une prison dont les personnages, pas tous, devront s’évader pour accéder à la vie. On a moins affaire à des êtres de chair et de sang qu’à des fantômes hantés de pulsions inavouables, des rôles dans un drame symbolique.
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