La passion dans l'oeuvre de paul claudel
« À la fatale trompette mon âme n'a pas encore appris à rester sourde »1
Introduction Pour les catholiques, la Passion de Jésus de Nazareth figure un moment crucial dans la révélation de la foi : narrée dans le Nouveau Testament notamment par l’évangile de Saint Jean, elle rend compte des supplices du Christ, de son arrestation sur le Mont des Oliviers à sa crucifixion en passant par son procès et son « chemin de croix » jusqu’au Mont Golgotha. Cette mort exemplaire correspond au sacrifice nécessaire afin que l’homme élu, fils de Dieu, rachète par ses souffrances les péchés de l’humanité. Le terme de « Passion », emprunté au latin passio, -onis, formé sur le participe passé du verbe pati « souffrir, éprouver, endurer » est utilisé pour désigner les souffrances du Christ (et par la suite celles des martyrs) dans le sens de « souffrance physique, douleur, maladie » attesté dès le IIIe siècle ; il évoluera rapidement vers une acception plus active de « mouvement, affection, sentiment de l’âme ». Ainsi ce terme brasse une large polysémie, du sens sacré de « supplices endurés » au sens profane, courant, de « tendance d'origine affective caractérisée par son intensité et par l'intérêt exclusif et impérieux porté à un seul objet », dont la passion amoureuse est exemplaire. L’on comprend dès lors l’intérêt que l’art a éprouvé à s’emparer d’un tel sujet, propice à la grandeur de la représentation ; il suffit de penser à la multiplicité des « Christ en croix » donnés à voir par l’art pictural pour s’en persuader. Au cœur de la Passion donc, un sacrifice grandiose ; et si l’on se penche sur ce que le XXe siècle fait de cette question là, logiquement la figure de Paul Claudel, le dramaturge du sacrifice par excellence de ce siècle, s’impose. En effet, directement concerné par l’épisode de la Passion de par ses profondes convictions religieuses, Paul Claudel en a innervé son œuvre