La pudeur
Phénomène à plusieurs formes, la pudeur est liée à la condition d’homme en société. On pourrait tenter de la définir comme une impossibilité, ponctuelle ou permanente, d’énoncer ou de laisser voir certaines manifestations psychiques, ou attributs corporels, en rapport avec des désirs, besoins ou émotions individuels. Ce qui nous amène à nous demander en quoi ce sentiment, éminemment social car n’existant pas en dehors de la communication humaine, peut s’avérer être un phénomène autant collectif que particulier, et dans quelle mesure il influe sur les relations entre individus. La pudeur apparaît bien comme une condition fondamentale de la société des hommes, et nécessaire à l’insertion de l’individu dans le groupe social : elle prend ses racines dans la morale collective. Mais il s’agit également d’un sentiment subjectif, d’une réaction de réserve liée au vécu individuel. Enfin on verra que la pudeur n’est pas qu’une barrière de convenances sociales, ou une simple réaction de déni destinée à sauver la vanité de l’homme, et qu’elle est aussi un moyen d’élévation de l’humanité.
La pudeur est d’abord une convention sociale, condition fondamentale de l’insertion de l’individu dans la société humaine. La pudeur au sens le plus courant se rapproche d’une certaine notion de honte que pourrait éprouver un individu envers ce qui heurte les convenances, conventions morales de la société. Cette honte est avant tout honte du corps, des fonctions sexuelles, des actes intimes, qu’il convient de ne pas montrer en public, de ne pas évoquer sans une certaine réserve. Cette notion de pudeur du corps s’inculque dans le cadre de la famille, unité de la société, dès l’enfance de l’individu. C’est un fait particulier à l’espèce humaine, et un des grands symboles du passage à l’état de culture, de la société des hommes, dont témoigne le livre de la Genèse: le péché originel a pour conséquence immédiate la prise de conscience de l’homme de sa nudité. Le début symbolique de