1900 (1976) de Bernardo Bertolucci est un film un film monologique, au sens bakhtinien du terme. Cela signifie que son récit est dominé par une force centripète [1] qui n’est autre qu’une vision marxiste du monde. Le présent travail propose d’expliquer pourquoi et comment cette idéologie est communiquée au sein de ce film. Pour ce faire, notre analyse commencera par une brève introduction au matérialisme dialectique de Marx – une notion qui a profondément influencé Bertolucci dans la création de son film.

Le matérialisme dialectique a pour objet l’Histoire. D’après Marx, l’Histoire se développe selon un mouvement logique où chaque moment serait relié à celui qui suit. Autrement dit, le processus dialectique se base sur les notions de « négation » et de « dépassement » : « un moment historique donné (la thèse) est suivis par son moment contraire – l’antithèse, qui est la négation de la thèse. Ensuite vient la négation de la négation – c’est-à-dire la synthèse, le dépassement de l’antithèse. La synthèse va au-delà des deux moments initiaux tout en préservant leur apport » [2]. En conséquence, Marx développe une interprétation de l’histoire des sociétés humaines qui est fondée sur la distinction de grandes périodes qu’il nomme des « modes de productions » [3]. L’un d’eux, « le mode de production bourgeois moderne », n’est autre que le mode de production capitaliste. Dans ce mode de production, comme dans les autres, il existe une structure de classe. En simplifiant, on peut opposer une classe dominante (la bourgeoisie) à une classe dominée (le prolétariat) : « les classes dominantes s’approprient une fraction du travail (le surtravail) des classes dominées, ou du produit de ce travail, selon un processus désigné comme « exploitation » » [4].

Pour Marx, l’Histoire doit donc être « interprétée en relation au développement de deux grands ensembles de processus qu’[il] désigne comme les forces productives [(les populations et équipements qui produisent la