La rhétorique de montaigne
[Lawrence D. Kritzman : La rhétorique de la destruction – Montaigne et l’écriture exemplaire. Extrait de : Déconstruction / Découverte – Le fonctionnement de la rhétorique dans les Essais de Montaigne.] Interprétation structuraliste
Introduction
L’écriture dévoile son objet en même temps qu’elle l’anéantit. Le sens devient insaisissable puisqu’il est toujours nouveau et dispersé (écriture exemplaire). La destruction de catégories morales dogmatiques et absolues suppose une modification de l’activité rhétorique de l’écrivain : il s’oriente vers une esthétique fragmentaire, crée œuvre multiple, qui se présente ainsi comme dispersion plutôt que comme développement articulé.
Kritzman : Dans les essais sur l’arbitraire des signes, Montaigne met en relief la disproportion entre les mots et le sens qu’ils véhiculent. Alors le but rhétorique dans ces essais sera de subvertir le dehors du signe culturel en dénonçant son apparence trompeuse pour trouver une parole plus authentique émergeant de l’espace scriptural. En pesant l’écart qui sépare le signifié du signifiant, le texte devient le lieu privilegié de l’engendrement de la définition des mots.
code rhétorique ancien est interdit et remplacé par une langue qui se réfère à lui-même. Kritzman accentue le refus de la composition :
« Mon dessein est de representer en parlant une profinde nonchalance et des mouvements fortuites et impremeditez, comme naissans des occasions presentes. »(III, 9)
approche de Kritzman :
a) structure de surface (destruction) : analyse diachronique des Essais par rapport à leur tradition littéraire. Comment est-ce que les éléments de la rhétorique classique sont employés ? Comment est-ce que Montaigne transforme (détruit) leur fonction rhétorique et crée ainsi un nouveau genre ?
b) structure fondamentale (découverte) : analyse synchronique du principe d’organisation dans les Essais : Comment est-ce que le sens se produit ? En