La rue, 1848-1914

Alors qu’à la campagne, le jardin apparaît comme la continuité de la maison, l’habitat urbain n’a guère d’autre prolongement que la rue. La rue est ainsi une caractéristique de la ville et en cela doit être pensée au sein même d’un environnement global, l’environnement urbain. Cet environnement est en constante évolution dans la deuxième moitié du XIXème siècle et dans le début du XXème et il est donc intéressant de se pencher sur l’état de la rue à cette époque. Alors que le chemin de campagne n’est qu’un lieu de passage, de circulation entre les maisons et fermes éparpillées dans l’espace rural, la rue semble plus être un lieu de vie, un espace commun et le théâtre de nombreuses dynamiques, où interagissent divers acteurs. Pourtant, comme le souligne Jean-Pierre Leguay, « les rues ont été pendant des siècles, le réceptacle des mauvaises odeurs et des bruits ». Ainsi, surtout à cette période où l’hygiène commence seulement à apparaître, la rue est aussi un lieu insalubre, inconnu, hostile, dans lequel il s’agit de prendre des repères, et en somme de se l’approprier. Car la vie dans la rue est inévitable, l’insalubrité de l’habitat poussant les habitants à sortir, ainsi que le manque de divertissements chez soi. Elle est de plus et surtout gage de sociabilité, et parfois même de fraternité, notamment lors de bouleversements politiques, nombreux à cette époque, entre l’essai d’une République après la chute de la monarchie de Juillet en 1848, un coup d’état, un Empire autoritaire qui tend à se libéraliser, et enfin une nouvelle République qui peine à se mettre durablement en place. Ainsi, durant la période mouvementée qu’est le XIXème siècle, avec ses transformations dues à de nombreux changements de régime et son agitation politique importante, comment la rue évolue-t-elle? Si elle apparaît traditionnellement comme facteur de cohésion sociale pour ceux qui l’habitent, on peut se demander si elle n’est pas au contraire à cette époque