La société fraternelle
On pourrait concevoir qu'un socle existentiel, affectif, nourrit les formes et les pratiques d'une société, ainsi que le projet social du politique.
Controverse très ancienne à propos du rôle du sentiment dans les formes du sentiment. Tocqueville qualifie les passions collectives de « débilitantes ». Le sentiment collectif, dit Tocqueville est par nature lié à cette perspective du bien-être individuel. Cette controverse date d'une période plus ancienne. (…). Le christianisme devient religion d'état et l'empire romain devient chrétien, ce qui coïncide avec sa chute. La plupart des auteurs ont alors dénoncé les valeurs chrétiennes comme étant responsable du déclin de l'engagement civique et par la même du déclin de cet empire. Face à de telles accusations, Saint-Augustin cherche au contraire à défendre les valeurs chrétiennes à reconstituer le lien social. Ces valeurs chrétiennes sont celles du pardon, de l'oubli des offences, des valeurs telles que l'humilité et de l'obéissance. On pourrait très bien considérer que face à la religion juive, la religion chrétienne est la religion de l'amour alors que la religion juive est la religion de la loi.
Le christianisme serait la religion de la faiblesse et du sentimentalisme, ce qui serait impropre à affermir le sentiment d'appartenance publique.
2. Qu'en est-il de cette controverse? Considérons-nous le sentiment collectif de cette controverse?
Manifestement, la compassion ne fait plus débat. Le souci compassionnel n'est plus extérieur à la conscience sociale et politique. La souffrance des plus faibles, le souci du handicap, le souci des minorités, est aujourd'hui totalement investi dans un discours politique totalement teinté d'un souci social. Le discours