La variation
La variation, c'est-à-dire le fait qu'une même unité apparaisse selon des formes différentes, est un phénomène qui existe dans toutes les langues. Mais ce phénomène est peut-être encore plus net dans le domaine des créoles, langues orales, qui en outre ne sont encore que très peu instrumentalisées, standardisées, dotées de manuels d'enseignement, qui, nécessairement, finissent par engendrer une certaine "unité" linguistique, en constituant pour ceux qui s'y réfèrent, une certaine "pression normative".
Aussi, lorsque l'on prend en considération un créole, on peut très vite constater qu'un même "mot" sera prononcé différemment par des locuteurs différents, parfois résidant seulement dans la commune voisine ; qu'une forme grammaticale bien attestée ici, peut apparaître sous la forme d'une variante, là ; qu'un élément de lexique chargé de désigner un objet ou un concept, devra être différent ailleurs pour désigner à peu près le même objet ou le même concet.
On distingue généralement en linguistique :
• la variation diachronique, ou variation dans le temps, appelée aussi variation historique : au XIXe siècle en créole des Petites Antilles on disait couramment "to" pour ce qui maintenant est représenté par "ou" (2e personne du singulier)
• la variation diatopique, ou variation en fonction du lieu, la variation géographique : ainsi, alors qu'à Pointe-à-Pitre, on dit plutôt "chivé-an-moin" pour dire "mes cheveux", aux Saintes, on dira plutôt "chuveu-an-moin".
• la variation diastratique, ou variation en fonction de la classe sociale, du "groupe" social d'appartenance : dans la situation de diglossie qui caractérise les Antilles, la variation diastratique se manifeste souvent par le passage du français (niveau formel, niveau élevé) au créole (niveau plus familier) : ainsi, on dira parfois : "il m'embête", parfois "i ka anmèkdé-moin", ou encore "il est fatigué" ou "i las", en ayant le sentiment bien ancré d'être plus "correct" dans le premier cas, et