La ve république est-elle une démocratie semi-directe?
Le traité de Lisbonne signé le 13 décembre 2007 a transformé l'architecture institutionnelle de l'Union européenne. Ce texte ressemble très fortement au traité établissant une constitution pour l’Europe qui n'avait pu être adopté, et il ne cherche même pas à s'en cacher. En France pourtant, son grand frère avait été rejeté par référendum le 29 mai 2005. Le seul fait que ce nouveau traité n'élabore pas de constitution européenne suffit à justifier de son adoption en dépit de nombreuses protestations provenant de partis de tous horizons (les Verts, le FN, le PCF...), d'associations et de syndicats (ATTAC, Union syndicale solidaire...). Les vifs débats qui ont animé la période d'adoption du traité de Lisbonne en France portent sur un même problème : comment le gouvernement français peut-il adopter un texte quasiment similaire à celui que le peuple a récemment mis sur la touche ? Comment un gouvernement démocratique peut-il agir à l'encontre du peuple ? C'est en effet la souveraineté du peuple qui est ici en question, cette même souveraineté qui est posée dans l'article 3 de la Constitution de la Vème République : « La souveraineté nationale appartient au peuple [...] ». Quel type de démocratie peut se permettre de passer outre l'avis de ses citoyens ? La Vème République semble pourtant proposer une démocratie semi-directe comme l'indiquent Jean et Jean-Éric Gicquel. En aucun cas celle-ci ne suppose une trahison de la souveraineté du peuple, car, bien sûr, elle reste « démocratie » ; mais aussi parce qu'elle se définit à travers la différence qu'elle propose par rapport à une démocratie indirecte. Quand cette dernière ne propose que le gouvernement à travers des représentants, la démocratie semi-directe constitue « le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple » à la fois par des représentants et directement, gage d'une souveraineté du peuple d'autant plus conservée. Cette remarque ne